Portage salarial : des sociétés épinglées pour des pratiques frauduleuses
Face aux contrats courts, le portage salarial représente une alternative pour sécuriser les salariés tout en préservant la flexibilité des entreprises. Le principe : un travailleur indépendant et salarié d’une société qui vend ses prestations. Mais attention aux arnaques.
Expert en informatique, Martial intervient dans plusieurs grands groupes de l’industrie française. À Pau (Pyrénées-Atlantiques), Marseille (Bouches-du-Rhône) ou Toulouse (Haute-Garonne), il enchaîne les missions. Pour se faire payer, il a eu recours à des entreprises dites de portage salarial. Elles s’occupent de tout. En échange, il paie entre 3% et 6% de frais de gestion. Sauf qu’un jour, en relisant ses fiches de paie, il remarque au milieu des lignes officielles des mentions surprenantes qui génèrent d’importantes déductions sur son salaire. Sur un autre bulletin, la ligne « autres charges patronales » l’intrigue. Et quand les salariés demandent des explications, la société leur envoie un tableau avec un mystérieux acronyme, PMG, pour participation aux moyens généraux.
15 plaintes déposées
À Paris, des salariés se sont même regroupés au sein d’une association, Fedep’s. Consultants informatiques, ingénieurs, formateurs… Chaque semaine, de nouvelles personnes viennent faire vérifier leurs bulletins de salaire. En France, des dizaines de sociétés de portage établiraient ainsi des fiches de paie comportant des mentions et des taux fantaisistes. Des soupçons confirmés par des témoignages à l’intérieur même des sociétés de portage. Selon les sociétés mises en cause, tout est transparent. Elles démentent toute illégalité et assurent respecter la convention collective. Elles nous renvoient vers leur syndicat patronal, qui a signé cette convention. Les salariés, eux, attendent des réponses et se tournent vers la justice. 15 plaintes ont été déposées. Plusieurs enquêtes préliminaires sont en cours à Paris, Nanterre (Hauts-de-Seine), Toulouse et Bordeaux (Gironde).